Interview de Pierre Gramegna avec le Soir

"Depuis le mois de janvier de cette année, nous avons introduit une demande de réévaluation de notre situation (...)"

Interview: Le Soir

Le Soir: Les relations avec la Belgique vont se compliquer dans les semaines à venir, avec cette décision, non ?

Pierre Gramegna: Si on se place sur le terrain diplomatique, je peux vous dire que les relations avec mon homologue sont et restent excellentes...

Le Soir: Sur le fond, cette décision doit être difficile à avaler vu les efforts entrepris par le Luxembourg pour montrer patte blanche sur le plan fiscal en Europe...

Pierre Gramegna: Je suis arrivé au gouvernement en 2013. Ma première tâche a été de réparer les dégâts causés par mes prédécesseurs, qui n'ont pas réussi à éviter que notre pays soit placé sur la liste des pays non coopérants avec l'OCDE, ce que l'on entend par "paradis fiscal". Placer le Luxembourg sur cette liste a causé beaucoup de tort à notre réputation, à notre image. Pour cette raison, il a fallu aller très vite pour apporter des changements législatifs majeurs à notre arsenal fiscal...

Le Soir: Mais pas assez vite pour éviter que la Belgique envoie cette circulaire...

Pierre Gramegna: Ces 18 derniers mois, en un temps record, nous avons fait d'importants efforts qui vont tous dans le sens d'une plus grande transparence fiscale. Nous avons vraiment fait tout ce qu'il était possible pour nous conformer aux exigences de l'OCDE. Je peux vous dire que depuis le mois de janvier de cette année, nous avons introduit une demande de réévaluation de notre situation pour, je l'espère avant l'automne, amener l'OCDE à retirer le Luxembourg de la liste des paradis fiscaux selon les critères de l'organisation. Je suis très confiant. Il n'y a aucune raison que pareille situation, dommageable, perdure, sachant que nous avons accepté l'échange automatique d'informations, notamment, depuis le 1er janvier. On n'en a pas fait grand cas dans la presse, mais cela fonctionne. C'est une preuve de plus que le Luxembourg a changé son fusil d'épaule en matière de transparence fiscale.

Le Soir: Ce qui voudrait dire que la circulaire belge serait alors nulle et non avenue?

Pierre Gramegna: Oui. Elle n'aurait plus lieu d'être. Cela dit, il ne faut pas en exagérer la portée. C'est une tâche administrative de plus, qui est malvenue et qui va ennuyer pas mal de contribuables, mais cela ne va pas tarir les flux de transactions entre nos deux pays. La seule chose qui m'étonne un peu, c'est que cette loi, qui date de 2010, faisait l'objet de discussions entre nos deux pays. Nous discutions notamment de la manière dont nous allions tenir compte de cette circulaire et nous vérifiions ensemble que cette circulaire était conforme au droit communautaire. Je n'ai pas encore eu la réponse...

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