La ministre des Finances Yuriko Backes s'est rendue à Washington DC du 13 au 15 octobre 2022 pour participer aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale.
Sur arrière-fond de polycrise, marquée par l'invasion russe en Ukraine, la hausse importante de l'inflation, les craintes pour la sécurité alimentaire et le ralentissement de l'économie mondiale, ce fut l'occasion pour la ministre de réitérer la détermination du Luxembourg à prendre ses responsabilités sur le plan multilatéral et de se présenter en tant que partenaire fiable sur la scène internationale.
C'est ainsi que Yuriko Backes a annoncé l'intention du Luxembourg de participer au nouvel instrument phare du FMI, le "Recovery and Resilience Trust", dont l'objectif est de soutenir les pays vulnérables à traiter leurs défis structurels. En outre, dans le cadre d'une réunion exceptionnelle de l'Eurogroupe, Yuriko Backes a échangé avec plusieurs de ses homologues ainsi que des hauts représentants des institutions financières internationales présentes à Washington. La ministre a également profité de l'occasion pour signer des accords avec la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) prolongeant de la sorte la contribution du Luxembourg dans des programmes de soutien ciblés en faveur des pays en développement.
Une réunion exceptionnelle de l'Eurogroupe, en présence de la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, a eu lieu à Washington le jeudi 13 octobre, portant sur la situation macroéconomique et l'impact de la crise énergétique des deux côtés de l'Atlantique. Janet Yellen a souligné l'importance de poursuivre des politiques ciblées pour contrecarrer l'inflation, tout en maintenant un soutien financier résolu en faveur de l'Ukraine. Dans son intervention, Yuriko Backes a insisté sur l'importance de la coopération transatlantique, aussi pour assurer que le soutien financier dont a besoin l'Ukraine ait un impact maximal et que les ressources mobilisées soient acheminées là où elles sont le plus nécessaires. Yuriko Backes a également réaffirmé son soutien à l'initiative de l'OCDE et du G20 visant à mettre en place une solution à deux piliers pour relever les défis relatifs à la mise en place d'une fiscalité minimale pour les entreprises au niveau mondial, en soulignant la détermination du Luxembourg en faveur d'une implémentation rapide.
Lors de la réunion plénière du Comité monétaire et financier international (IMFC), en présence de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, de la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde et du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, les discussions ont porté sur la guerre en Ukraine et ses répercussions humanitaires et économiques. Les insécurités énergétiques ainsi que les stratégies de relance mondiales et le rôle du FMI y furent discutés en détail.
À la Banque mondiale, Yuriko Backes a rencontré Pablo Saavedra, vice-président pour la croissance équitable, la finance et les institutions, et a par la suite signé un nouvel accord de soutien du Luxembourg au "Global Tax Program". L'objectif de ce programme est de soutenir les services de conseil et l'assistance technique visant à renforcer les institutions fiscales des pays en développement.
La ministre a également rencontré le directeur général de la Société financière internationale (IFC), Makhtar Diop, pour discuter des projets communs entre le IFC et le Luxembourg et pour signer, par la même occasion, un nouvel accord de partenariat sur 4 ans. Cet accord consiste en un soutien spécifique aux pays à revenu faible et intermédiaire en vue de renforcer la gouvernance d'entreprises et des PME, de développer les marchés de capitaux locaux et de lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
En marge des Assemblées annuelles, la ministre des Finances s'est entretenue avec Ratna Sahay, conseillère principale en matière d'égalité entre femmes et hommes auprès du FMI. Yuriko Backes a salué la nouvelle stratégie de ladite institution relative à l'égalité des genres, en insistant sur le fait que la réduction des inégalités entre femmes et hommes est un impératif économique. Elles se sont également entretenues sur le rôle du secteur financier dans ce contexte, qui a un double rôle à jouer en promouvant la diversité au sein des institutions et en aidant à canaliser les investissements pour atteindre l'objectif du développement durable numéro 5 des Nations unies ("Parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles").
Lors d'une entrevue avec Paul Hilbers, directeur exécutif auprès du FMI, les conséquences de la crise énergétique pour le Luxembourg, ainsi que les mesures prises par le Luxembourg pour désamorcer les effets de la flambée des prix de l'énergie et pour soutenir les ménages les plus touchés, ont été abordées.
Ces mêmes préoccupations figuraient aussi à l'ordre du jour de l'entrevue avec le directeur du département européen de FMI, Alfred Kammer. Celui-ci a rappelé la nécessité de mener des politiques ciblées et limitées dans le temps pour lutter contre la pression inflationniste en Europe, tout en ne mettant pas en péril la viabilité à moyen terme des finances publiques. Dans ce contexte, la ministre des Finances a fait le point sur la situation économique et budgétaire au Grand-Duché et elle a réitéré l'engagement du Luxembourg à maintenir le niveau d'endettement public en-dessous de 30% du PIB afin de préserver à tout moment des marges de manœuvres nécessaires.
De même, la ministre des Finances, Yuriko Backes a eu une réunion bilatérale avec Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI, lors de laquelle ils ont aussi échangés sur la situation économique en Europe et ses implications pour le Luxembourg. La ministre des Finances a profité de l'occasion pour annoncer l'intention du Luxembourg à contribuer 20% de son allocation générale de 2020 de droits de tirage spéciaux (DTS) au profit du nouvel instrument phare du FMI, dénommé "Recovery and Resilience Trust". Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'aide publique au développement. Ce faisant, le Luxembourg devient le plus important contributeur par habitant audit fonds du FMI dont l'objectif est de fournir une aide ciblée aux pays à faible ou moyen revenu et destinée à renforcer la résilience aux chocs extérieurs et à assurer une croissance durable.
La ministre des Finances a aussi rencontré son homologue indonésienne, Sri Mulyani Indrawati. L'Indonésie préside actuellement le G20 et la ministre des Finances indonésienne co-préside la Coalition des ministres des Finances pour l'action climatique, dont le Luxembourg est un membre fondateur. Les deux ministres se sont échangées sur la situation géopolitique et macroéconomique actuelle, les priorités du G20 ainsi que le potentiel d'un renforcement des relations bilatérales entre le Luxembourg et l'Indonésie dans le secteur financier, plus particulièrement le domaine de la finance verte.
Enfin, Yuriko Backes a fait partie d'un panel de haut niveau du FMI, modéré par Ratna Sahay, sur le rôle des femmes dans le secteur financier, sous le thème: "The world of finance : where are the women ?". Les participants, dont également José Viñals, président de la banque Standard Chartered, et Patrick Njoroge, gouverneur de la Banque centrale du Kenya, ont discuté de pistes permettant d'accélérer la diversité des genres dans la finance, des raisons pour les écarts existants entre les sexes dans les entreprises et les incitatifs à mettre en place afin d'encourager la présence de plus de femmes dans des rôles décisionnels. À ce sujet, Yuriko Backes a salué la récente décision du FMI de faire de la diversité des genres une partie intégrante de ses activités: "Les arguments économiques en faveur de l'égalité des sexes sont indéniables: pour parvenir à une reprise économique durable, nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer la moitié de la population mondiale."
La délégation luxembourgeoise a également participé à une table ronde organisée par le Trésor américain, sous le thème "Degrading Russia's Military-Industrial Complex". Le Luxembourg y a réitéré son soutien sans faille à l'Ukraine et souligné l'ampleur des avoirs bloqués dans le cadre de la mise en oeuvre des sanctions financières contre la Russie.
Yuriko Backes commente: "Les défis auxquels le monde est confronté aujourd'hui sont considérables: nous devons collectivement faire face à une triple crise - une crise énergétique, une crise du coût de la vie ainsi qu'une crise alimentaire - sans perdre de vue la menace existentielle que représente le changement climatique. Cette polycrise rappelle avec force la nécessité de trouver des solutions multilatérales aux problèmes mondiaux."
Communiqué par le ministère des Finances