Yuriko Backes présente le Programme de stabilité et de croissance 2022

En date du 27 avril 2022, la ministre des Finances, Yuriko Backes, a présenté à la Chambre des députés le Programme de stabilité et de croissance (PSC) 2022, qui fournit un aperçu des perspectives économiques et budgétaires pour le Luxembourg dans le contexte actuel marqué par la guerre en Ukraine.

Yuriko Backes commente: "Le PSC que j'ai présenté aujourd'hui à la Chambre des députés pour l'année 2022 s'inscrit dans un contexte préoccupant et hautement incertain. En dépit des éclaircissements sur le front de la pandémie, et suite au redressement des finances publiques depuis l'année dernière, on est désormais confronté à une nouvelle crise. Les conséquences de l'invasion russe en Ukraine risquent non seulement de casser l'élan de la reprise, mais avec elle, on doit désormais s'attendre à une nette détérioration des finances publiques à court terme. Les chiffres du PSC 2022 montrent toutefois que le Luxembourg saura relever les défis auxquels le pays est confronté à travers une politique budgétaire responsable et prévoyante."

Suite aux débats parlementaires, le PSC 2022 sera transmis, ensemble avec le Programme national de réforme, à la Commission européenne avant la fin du mois.

Des prévisions de croissance revues à la baisse, suite à l'invasion russe de l'Ukraine

Tout au long de la pandémie de la COVID-19, l'économie luxembourgeoise a fait preuve de résilience. Les salariés et les entreprises ont réussi à s'adapter à une situation inédite et le Luxembourg a renoué avec les tendances économiques et budgétaires d'avant la pandémie. La reprise économique s'est installée dès fin 2020 et elle s'est accélérée en 2021, grâce notamment aux diverses aides étatiques mises en place dans le cadre du "Stabiliséierungspak" et du "Neistart Lëtzebuerg".

Ainsi, la croissance du PIB réel est désormais estimée à +6,9% en 2021 et le marché de l'emploi s'est avéré tout aussi dynamique, entraînant une baisse continue du chômage au cours des derniers mois pour afficher 4,7% fin mars 2022, soit le taux le plus bas depuis presque 15 ans.

Cette amélioration économique et budgétaire enregistrée aurait dû se poursuivre, comme en témoigne les chiffres encore positifs au 1er trimestre de 2022. Or, l'invasion de la Russie de l'Ukraine à partir du 24 février secoue profondément l'économie mondiale, entraînant une nouvelle augmentation des prix de l'énergie, déjà élevés avant le conflit armé, ainsi que des prix des denrées alimentaires. Le choc provoqué par les évènements récents risque également de porter atteinte à la confiance des consommateurs et des chefs d'entreprise et conduit à une volatilité accrue sur les marchés financiers.

C'est pourquoi le Statec a révisé la perspective de croissance du Luxembourg à la baisse de deux points de pourcentage, à l'instar du Fonds monétaire international. La croissance est désormais estimée à 1,4% en 2022. À moyen terme, l'évolution économique est supposée se situer entre 2,5% et 3,0%.

L'aggravation des tendances inflationnistes et des conséquences qui en découlent pour l'économie luxembourgeoise a amené le gouvernement à convoquer les partenaires sociaux dans le cadre du comité de coordination "Tripartite" à partir du 22 mars 2022. Dans l'esprit de solidarité qui est propre au Luxembourg, un accord a pu être conclu avec les représentants de l'UEL, de la CGFP et du LCGB. Cet accord a notamment pour objet de décaler la tranche indiciaire prévue en août 2022 à avril 2023, tout en compensant la perte de pouvoir d'achat des ménages à faible ou modeste revenu.

Au total, les mesures décidées dans le cadre du "Solidaritéitspak" se chiffrent à quelque 750 millions d'euros, soit 1,0% du PIB. En y incluant les garanties étatiques mise à disposition des entreprises, le Luxembourg mobilise un total de 1,3 milliard d'euros ou 1,7% du PIB pour faire face aux conséquences immédiates de cette nouvelle crise.

En tenant compte de l'impact desdites mesures, ainsi que de celles annoncées dans le cadre de l'"Energiedësch", le taux d'inflation est estimé à 5,2% pour l'ensemble de l'année 2022. Sous l'hypothèse d'une stabilisation, voire d'une réduction des prix du pétrole, l'inflation est estimée passer à 1,6% en 2023.

Des finances publiques nettement détériorées à court terme

Les finances publiques du Luxembourg ont également connu un redressement remarquable en 2021. Après avoir enregistré un déficit historique de l'ordre de -2,2 milliards d'euros ou -3,4% du PIB en 2020, les administrations publiques ont clôturé l'exercice 2021 avec un solde de +650 millions d'euros ou +0,9% du PIB.

Cette amélioration est imputable à la maîtrise rigoureuse des deniers publics au niveau de l'administration centrale, dont le déficit a pu être divisé par dix, en passant de -3,1 milliards d'euros en 2020 à quelque -326 millions d'euros en 2021. La dette publique a, quant à elle, pu être réduite de 24,8% en 2020 à 24,4% du PIB en 2021.

L'actualisation des prévisions budgétaires réalisées pour le PSC 2022 aboutit à une situation nettement détériorée à court terme sous l'effet de la guerre en Ukraine. Le solde des administrations publiques passe d'un surplus de +0,9% en 2021 à un déficit de -0,7% du PIB en 2022. Les recettes publiques n'augmentent que de 4,3% (après une hausse de 12,7% en 2021) et les dépenses publiques progressent de 8,3%.

La dégradation de la situation macroéconomique ainsi que les mesures décidées récemment pour atténuer l'impact des tensions inflationnistes auront ainsi un impact conséquent sur les finances de l'État. L'administration centrale verrait son solde baisser de -326 millions d'euros en 2021 à -1,6 milliard d'euros en 2022. La dette publique est susceptible d'augmenter à nouveau, et ce à 25,4% du PIB en 2022.

À moyen terme, la trajectoire des finances publiques se rétablit de façon graduelle grâce à la reprise de l'activité économique, pour arriver à un solde équilibré des administrations publiques d'ici 2026 et la dette publique se stabilise à environ 26% du PIB, soit en-dessous du plafond de 30% du PIB.

L'amélioration au niveau consolidé des administrations publiques masque toutefois des tendances contraires au niveau des sous-secteurs: l'administration centrale se dirige à nouveau en direction d'une situation plus équilibrée à partir de 2023 tandis que le surplus de la Sécurité sociale se réduit sur l'horizon de projection.

Un nouvel OMT de 0% du PIB pour la période 2023-2025

Suite à la prolongation de la clause dérogatoire générale (general escape clause) du Pacte de stabilité et de croissance jusqu'à 2022, les règles budgétaires européennes sont actuellement suspendues. À l'instar de tous les autres États membres de l'Union européenne, le Luxembourg est donc actuellement exempt de respecter l'objectif budgétaire à moyen terme (OMT).

Pour la période 2020-2022, le Luxembourg avait fixé son OMT à +0,5% du PIB, soit au même niveau que la valeur de référence minimale déterminée à l'époque par les instances européennes. Le nouvel OMT minimal calculé par la Commission européenne pour la période 2023-2025 se chiffre à 0% du PIB et le Luxembourg s'aligne à nouveau sur ce minimum, en fixant son objectif à ce même niveau pour les années à venir.

Avec un solde structurel se situant au-dessus de 0% pour les prochaines années, le PSC 2022 montre également que le Luxembourg respecte son OMT, et serait donc pleinement conforme aux règles du Pacte de stabilité et de croissance, au cas où la clause dérogatoire était désactivée à partir de 2023 et que les règles dudit Pacte entraient de nouveau en vigueur.

Communiqué par le ministère des Finances

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