Débat de consultation sur les orientations de la politique budgétaire: Luc Frieden appelle de ses vœux "une nouvelle culture des dépenses"

Le 29 mars 2012, un débat de consultation sur les orientations de la politique budgétaire du gouvernement à la lumière du "semestre européen" s’est déroulé à la Chambre des députés. A l’issue du débat, le ministre des Finances, Luc Frieden a pris la parole au nom du gouvernement.

La référence à une question empruntée au président de la République d’Allemagne, Joachim Gauck "à quoi doit ressembler ce pays dont nos enfants diront un jour que c’est leur pays", a permis à Luc Frieden de résumer l’enjeu de la question que le Luxembourg doit se poser dans le domaine réduit des finances publiques qui "constituent la base d’une panoplie de domaines politiques et de l’orientation de notre pays, aujourd’hui et dans le futur".

Lors de son intervention, Luc Frieden a attiré l’attention sur la nouveauté de ce débat, rappelant qu’il se déroule pour la première fois en amont de l’envoi à Bruxelles du programme de stabilité et de croissance dans le cadre du semestre européen qui vise à mieux coordonner les politiques économiques et budgétaires des Etats membres.

D’après les vœux du ministre des Finances, le débat doit déboucher sur des propositions concrètes concernant "la manière dont nous appréhendons le futur de notre pays" et qui seront prises en considération lors de l’élaboration du programme de stabilité et de croissance et du budget. Dans son analyse, le débat "doit être orienté vers un objectif précis" qui est "d’avoir des finances publiques saines au Luxembourg, de cantonner le ratio de la dette publique sur le long terme, de préserver la cohésion sociale dans un environnement propice à la création de nouveaux emplois".

Luc Frieden qui a ensuite brossé le tableau de l’évolution des finances publiques a estimé que "la situation des finances publiques n’est pas bonne". La principale raison de cet état réside, selon Luc Frieden dans l’écart entre les recettes et les dépenses qui continue à s’exacerber et qui "ne respirent plus simultanément". Pour illustrer ses propos, le ministre des Finances s’est référé aux déficits qui se sont accumulés entre 2009/2010/2011 au niveau de l’administration publique et au niveau de l’administration centrale. À législation constante, le déficit de l’administration publique au Luxembourg risque ainsi de dépasser à partir de 2013 le seuil critique de -3% du PIB préconisé par le volet préventif du pacte de stabilité et de croissance.

Le ministre des Finances a également annoncé que le solde au niveau de l’administration publique s’est clôturé en 2011 avec un déficit de 0,6 %, soit 250 millions d’euros. Au niveau de l’administration centrale, le déficit atteint 2,5 %, soit 1 milliard et 43 millions d’euros. "Cette dégradation des finances publiques considérée sur un an n’est pas une catastrophe", a-t-il estimé avant de mettre en garde "qu’une telle évolution sur le long terme devrait nous préoccuper».

Une stratégie axée sur la réduction des dépenses

"Or, l’accumulation de déficits appelle des moyens financiers pour permettre de financer ces déficits", a déclaré Luc Frieden avant de passer en revue deux mesures politiques qui permettent de cantonner les déficits.

La première mesure, qui fut écartée par Luc Frieden, consiste à financer le déficit public en contractant des emprunts ce qui aura pour conséquence d’exacerber l’endettement public. "Cette dette n’est pas perceptible à court terme, mais constituera un véritable fardeau pour la population à long terme", a expliqué Luc Frieden en faisant allusion aux hausses généralisées d’impôts qu’elle entraînera. Luc Frieden a, en outre, attiré l’attention sur la hausse du poids la dette, a savoir la somme des intérêts mais aussi le taux des intérêts à payer.

Quant à la seconde mesure, privilégiée par Luc Frieden, elle prévoit de réduire les déficits, soit en réduisant les dépenses, soit en augmentant les impôts. Luc Frieden qui a souligné "la volonté du gouvernement de réduire substantiellement les déficits" a rappelé que "le comité de prévision préconise une réduction d'1,5 milliard d'euros sur les trois prochaines années". Tout en soulignant la fragilité des prévisions économiques dans un contexte marqué par de fortes incertitudes, Luc Frieden a expliqué que le gouvernement devra réduire son déficit de 500 millions en 2013 et en 2014.

Luc Frieden a appelé de ses vœux une "nouvelle culture des dépenses" ajoutant "qu’il ne s’agira pas d’arrêter de dépenser, mais de dépenser autrement". Il a plaidé pour un changement de mentalité qui devrait se faire au niveau de l’affectation effective des dépenses. Le changement de paradigme qu’il appelle de ses vœux doit être établi en se basant sur des critères respectant l’égalité sociale, la solidarité intergénérationnelle et l’efficacité.

Parallèlement, Luc Frieden a estimé que les 4 grands blocs de dépenses (les investissements, les transferts sociaux, les rémunérations chez l’administration publique, les frais de fonctionnement chez l’Etat) doivent être soumis à un examen approfondi.

Côté recettes, il s’agira selon Luc Frieden de créer un nouveau paysage des impôts "qui permettra au Luxembourg de rester compétitif par rapport à l’étranger". "Chacun de nous doit consentir des efforts", a-t-il dit en ajoutant que l’imposition "doit être juste, raisonnable et compréhensible pour les citoyens". Et d’ajouter que les changements pourront porter sur l’imposition directe, indirecte ou les deux en même temps.

Un effort collectif et solidaire

"Cet exercice que nous devons passer n’est ni facile pour le gouvernement, ni pour la Chambre des députés, ni pour les citoyens", a reconnu Luc Frieden en précisant "que les efforts à consentir porteront sur le court terme". "Sur le long terme, en revanche, si nous voulons que ce pays conserve des finances publiques saines qui sont pourtant la base de tout développement socio-économique, alors l’exercice s’avérera peut-être plus simple".

Le ministre des Finances qui a enfin fait un appel à consentir "un effort collectif et solidaire", s’est montré confiant "que nous allons relever le défi".

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