Jean-Claude Juncker et Luc Frieden aux réunions de l'Eurogroupe et du Conseil "Affaires économiques et financières"

Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le ministre des Finances, Luc Frieden, ont participé aux réunions de l’Eurogroupe et du Conseil "Affaires économiques et financières" qui ont eu lieu les 3 et 4 octobre 2011 à Luxembourg.

Jean-Claude Juncker a présidé la réunion de l’Eurogroupe, Luc Frieden y a représenté le gouvernement luxembourgeois.

Les ministres des Finances de 17 pays membres de la zone euro ont fait le point sur la mise en œuvre du programme d’ajustement grec. S’exprimant au cours d’une conférence de presse Jean-Claude Juncker a déclaré que le l’Eurogroupe "a salué les mesures additionnelles et courageuses annoncées récemment par le Grèce. Ces mesures contribueront à ce que les objectifs budgétaires pour 2011 et 2012 pourront être atteints". Néanmoins, l’Eurogroupe a exhorté la Grèce à "rapidement adopter ces nouvelles mesures par voie législative et les mettre en œuvre dans les meilleurs délais".

L’Eurogroupe a également insisté "que la Grèce, de concert avec la troïka de la Commission européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne, décide des mesures de consolidation supplémentaires afin de combler d’éventuels besoins de financement restants dans les années 2013 et 2014". Le gouvernement grec est également appelé à accélérer les projets de privatisation dans divers domaines.

La troïka étant toujours sur place à Athènes, l’Eurogroupe a décidé d’attendre le rapport final des experts avant de se prononcer sur le versement de la prochaine tranche d’aide à la Grèce. Le rapport ne pouvant pas être prêt pour le 13 octobre 2011, le président Jean-Claude Juncker a décidé de reporter une réunion prévue ce jour à une date ultérieure vers la fin octobre. En dépit de cela, Jean-Claude Juncker a assuré "que la Grèce sera en mesure d’honorer ses obligations financières jusqu’en novembre".

Commentant certaines rumeurs apparues récemment, le président de l’Eurogroupe a insisté que "personne n’a plaidé en faveur d’un défaut de paiement de la Grèce mais qu’au contraire tout sera fait pour l’éviter et il sera évité", et de continuer: "Personne n’a d’ailleurs suggéré une sortie de la Grèce de la zone euro non plus. Je dois catégoriquement démentir toutes ces rumeurs".

Dans le contexte des décision prises par les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro le 21 juillet 2011, le président de l’Eurogroupe s’est réjouit "des progrès rapides" notamment au niveau des ratifications par les États membres. Le processus de ratification devrait ainsi être finalisé avant mi-octobre, permettant ainsi l’entrée en vigueur du nouveau Fonds européen de stabilité financière (FESF) avant le prochain Conseil européen des 17 et 18 octobre 2011.

Les ministres se sont ensuite longuement penché sur les nouveaux instruments mis à disposition du FESF par les décisions du 21 juillet 2011. Jean-Claude Juncker a relevé "des progrès importants, notamment en ce qui concerne la recapitalisation des institutions financières en difficulté". D’autres discussions concernaient l’optimisation de l’efficacité des instruments du FESF, dossier que le président Juncker compte clôturer lors de la prochaine rencontre de l’Eurogroupe.

L’Eurogroupe est également parvenu à un accord sur des garanties dont peuvent bénéficier les États membres en échange des aides consenties à la Grèce.

Finalement, l’Eurogroupe a décidé de proposer au Conseil européen la nomination de l’actuel secrétaire d’État allemand aux Finances Jörg Asmussen comme membre du directoire de la Banque centrale européenne.

Conseil "Affaires économiques et financières"

Jean-Claude Juncker et Luc Frieden ont participé au Conseil "Affaires économiques et financières" du 4 octobre 2011.

Luc Frieden a fait le point le 4 octobre 2011 dans une conférence de presse sur les réunions de l'Eurogroupe et du Conseil "Affaires économiques et financières" au cours desquelles il représentait le Luxembourg. C’est en évoquant des "temps difficiles" que le ministre luxembourgeois a introduit son propos, évoquant d’une part un ralentissement économique et d’autre part le double défi posé par la crise de la dette dans la zone euro et les difficultés en termes de confiance qui se font sentir dans le système financier.

Luc Frieden a ainsi rappelé les chiffres donnés par la Commission européenne le 15 septembre 2011 dans ses prévisions intermédiaires: la croissance de la zone euro a en effet été revue à la baisse pour atteindre +1,6% sur l’année, et +0,1% pour le 4e trimestre (contre les +0,4% de croissance envisagés pour le même trimestre au mois de mai 2011). Du fait de ce ralentissement économique, "la croissance est faible", a constaté le ministre luxembourgeois, "mais elle reste de la croissance". La récession n’est donc pas d’actualité.

Ce ralentissement, entrevu pendant l’été, qui est lié à la crise de la dette mais aussi à un ralentissement du commerce mondial, touche aussi l’économie luxembourgeoise, a expliqué Luc Frieden, soulignant que la croissance du PIB du Grand-Duché avait aussi été revue à la baisse et devrait être de l’ordre de +2 % en 2012. Et cette croissance freinée ne sera pas sans conséquence pour les gouvernements européens, a d’ores et déjà prévenu le ministre des Finances qui a annoncé qu’il conviendrait de voir "comment réagir de façon responsable et adéquate".

Luc Frieden s’est félicité de l’accord formel trouvé lors du Conseil sur le paquet sur la gouvernance économique, un paquet législatif adopté le 28 septembre 2011 après de longues négociations par le Parlement européen, qui va permettre de "s’assurer que chacun mène des politiques budgétaires et économiques dans le respect des règles communes". Ce paquet offre un cadre budgétaire aux États membres, mais aussi de meilleures règles préventives et la possibilité d’introduire des sanctions à un stade plus précoce afin de prévenir plutôt que d’avoir ensuite à guérir. Luc Frieden a aussi vanté la meilleure coordination des politiques économiques qu’offre ce paquet législatif, ainsi que le système de surveillance des déséquilibres macroéconomiques qu’il met en place.

Pour Luc Frieden, il n’y a là aucune perte de souveraineté pour les États qui vont coordonner leurs politiques économiques et budgétaires, mais plutôt "une mutualisation de leurs souverainetés". Ces textes vont offrir un meilleur cadre budgétaire, se réjouit le ministre qui annonce que, dans le cadre d’une prochaine réforme budgétaire qu’il entend proposer, il faudra intégrer la mise en œuvre de ces nouvelles règles de façon à ce que le budget luxembourgeois respecte bien les règles européennes.

Luc Frieden a aussi évoqué le risque que la dette souveraine n’ait de conséquence sur le système financier et sur les banques. Aussi, il a rappelé la nécessité de réguler ce système, tout en mettant en place des mesures pour intervenir en cas de besoin. "Nous sommes mieux outillés qu’en 2008", se félicite le ministre qui évoque notamment une meilleure capacité d’analyse et le fait que l’on soit désormais sorti d’une approche purement nationale.

Les ministres européens des Finances ont d’ailleurs eu un débat d’orientation sur une proposition de règlement sur l'infrastructure des marchés européens et ils ont trouvé un accord politique général concernant ce texte qui vise à mieux réguler le marché des produits dérivés de gré à gré.

Pour ce qui est des banques, Luc Frieden a consacré un certain temps à faire le point sur la situation de la Dexia-BIL, filiale luxembourgeoise du groupe Dexia dont le conseil d’administration réuni la veille à Bruxelles a évoqué des "problèmes structurels" qui vont nécessiter une restructuration, ainsi que l’apport de garanties de la part de la Belgique et de la France.

La branche luxembourgeoise, qui fait essentiellement de la banque de dépôt, est "autonome" et "rentable", a expliqué le ministre qui a souligné que le Luxembourg tient à ce que cet acteur important sur le marché financier reste au Luxembourg. Le gouvernement "accompagne" donc "activement" l’actionnariat du groupe pour que, dans le cadre de cette restructuration, "une solution durable" soit trouvée qui offre à la Dexia BIL "une bonne perspective".

"Les clients et le personnel doivent savoir que la Dexia-BIL est une banque solide et qu’elle le restera", a assuré Luc Frieden, répétant à plusieurs reprises que les dépôts étaient garantis. Pour Luc Frieden, la situation est bien meilleure qu’en 2008, où le groupe avait dû faire face à un problème urgent de liquidités. La solution recherchée devrait relever du droit privé, et elle devrait être présentée "rapidement".

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