Débats parlementaires sur le projet de budget 2011

Le 8 décembre 2010, le ministre des Finances, Luc Frieden a pris position au nom du gouvernement sur le projet de loi n°6200 concernant le budget des recettes et des dépenses de l’état pour l’exercice 2011.

Un contexte international marqué par de fortes incertitudes

En guise d’introduction, Luc Frieden est brièvement revenu sur le contexte économique dans lequel s’inscrit le projet de budget 2011. L’analyse comparative avec d’autres pays de la zone euro a permis au ministre des Finances d’illustrer que les performances économiques du Luxembourg s’annoncent meilleures que dans d’autres pays mais restent marquées par de nombreuses incertitudes alimentées par la hausse du chômage, le creusement des déficits publics et l’emballement de la dette publique dans la zone euro.

Luc Frieden a ensuite réitéré la nécessite de mener une politique budgétaire prudente avec pour objectif de revenir à un équilibre des financés publiques. "Le déficit de l’État central évalué à 1,5 milliards d’euros n’est pas dramatique à court terme", a estimé Luc Frieden avant de poursuivre "qu’il pourrait le devenir si le gouvernement ne parvenait pas à consolider les finances publiques". D’après le ministre des Finances, le projet de budget 2011 "constitue un premier pas pour parvenir à des finances publiques saines à l’horizon 2014", et pour "poser les jalons pour l’avenir du pays".

Abordant le contexte international caractérisé par des turbulences liées aux niveaux élevés des déficits publics de certains États membres, Luc Frieden a estimé que la mise en place de la monnaie unique européenne, "garante de la stabilité des prix", aurait dû s'accompagner d’une "plus grande harmonisation des politiques budgétaires et économiques". Luc Frieden, qui s’est exprimé dans ce contexte en faveur "de l’instauration d’une gouvernance économique" au sein de l’Eurogroupe, a également salué l’entrée en vigueur du semestre européen. Il a expliqué qu’il s’agit d’un cycle de coordination des politiques économiques lancé à partir de l’année 2011. Le ministre des Finances a également annoncé que cette entrée en vigueur s’accompagnera de modifications procédurales au niveau de la politique budgétaire se traduisant notamment par la tenue de débats plus fréquents à la Chambre des députés.

Les exemples de la Grèce et de l’Irlande ont permis à Luc Frieden d’illustrer a quel point il est important de réduire les déficits publics. Dans son analyse, l’interdépendance croissante entre les économies nationales oblige les gouvernements nationaux à surveiller les politiques budgétaires des autres États membres et de veiller qu’ils n’enfreignent pas les critères du pacte de stabilité et de croissance. Il a souligné le bien fondé des aides qui ont été octroyées à la Grèce et l’Irlande en rappelant "qu’ils ne sont non seulement l’expression de la solidarité européenne, mais permettent également d’assurer la stabilité financière au Luxembourg et dans le monde".

Luc Frieden a souligné que le projet de budget 2011 ne se limite pas uniquement "à des mesures d’économies mais englobe également d’importants investissements publics". Pour illustrer ses propos, le ministre a cité pour exemple les dépenses en matière de transferts sociaux et les prestations sociales qui représentent 36% du budget, talonnées des rémunérations accordées aux salariés de l’État (20%) et des investissements (13%).

Luc Frieden esquisse les contours d’une doctrine financière

En s’appuyant sur les chiffres du budget, Luc Frieden a esquissé les contours d’une doctrine financière qui s’articule autour de 3 principes:

  • Discipline budgétaire et finances publiques en équilibre
  • Cohésion sociopolitique
  • Stimulation du développement économique

Le ministre des Finances a finalement regretté qu’il y ait une absence de volonté réelle d’entamer des réformes au Luxembourg. En se référant à la citation empruntée à Jean Monnet "les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise", Luc Frieden a mis en exergue le besoin de rechercher un consensus au sein de la société civile pour entamer des réformes en profondeur. "J’espère que nous voyons la nécessité de ces réforme avant qu’il soit trop tard et que nous nous barricadions notre avenir", a-t-il mis en garde.

Adoption du budget 2011

Le 9 décembre 2010, après une série de débats parlementaires qui se sont poursuivis tout au long de la journée, le projet de budget 2011 a été adopté avec 32 voix contre 21 à la Chambre des députés.

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