Heure d'actualité sur le sommet du G20 à Pittsburgh: Pour Luc Frieden le G20 est une "réalité inévitable avec laquelle il faut s'arranger"

L’instance du G20 est une "réalité inévitable avec laquelle il faut s’arranger, même si cela inclut des éléments qui ne sont pas bons pour l’Europe, ni pour le Luxembourg", a jugé Luc Frieden le 13 octobre 2009 à la Chambre des députés dans le cadre d’une heure d’actualité sur le récent sommet du G20 à Pittsburgh aux Etats-Unis et consacrée essentiellement à la crise économique et financière.

En effet, dans un monde de plus en plus complexe et globalisé, il importe, selon le ministre des Finances, qu’une série de questions, et notamment les grandes questions de finances internationales, soient résolues en concertation avec l’ensemble des grandes nations. D’où l’avantage du G20 qui, selon Luc Frieden, représente 80% du PIB mondial et inclut également les principales économies émergeantes telles que l’Inde ou la Chine, contrairement aux réunions du G8 et du G7.

Cette situation peut certes être déplorée, mais il est un fait que "le G20 était probablement bien positionné dans la crise internationale, même s’il s’agit d’un organe obscur et non-légitimé. Mais, je le répète, c’est une réalité inévitable qu’on ne peut pas changer!".

De plus, a ajouté Luc Frieden dans ce contexte, il n’est pas non plus évident de changer les autres structures internationales. Le ministre a rappelé que les réunions d’Istanbul avaient tourné autour de la question d’une meilleure représentation des nouvelles économies au sein du FMI et de la Banque mondiale. Soulignant que cette nouvelle représentation se ferait aux dépens de l’Europe, Luc Frieden a ajouté que le Luxembourg et l’Autriche étaient les seuls pays européens à plaider en faveur d’une présence permanente de l’Eurogroupe au sein de ces instances internationales, les autres pays restant attachés à leur propre représentation.

Étant donné que les réunions du G20 se succèdent dorénavant à intervalles plus ou moins réguliers, le ministre des Finances a insisté sur le fait que "l’Union européenne fasse adéquatement entendre sa voix au sein du G20". Son premier souci est de veiller à ce que "les ministres des Finances de quelques États membres de l’UE qui sont présents, à coté du président du Conseil des ministres des Finances, au G20, s’expriment d’une seule voix".

Pour le ministre Frieden, il importe dés lors de se pencher concrètement "sur les discussions qui sont à l’œuvre au sein du G20, que nous ne pouvons plus supprimer, et de faire entendre sa voix, via l’Europe et l’Eurogroupe, au sein du G20, du FMI et de la Banque mondiale".

Pour ce qui est du contenu des discussions du G20, Luc Frieden a dit qu’elles "reflétaient largement la position des ministres européens des Finances ainsi que du gouvernement luxembourgeois", dont par exemple le besoin de ne pas se passer durant la crise des plans conjoncturels et d’esquisser des sorties de déficits budgétaires, après la crise, pour éviter que les dettes extérieures des États se creusent davantage.

Pour ce qui est des mesures décidées par le G20 relatives aux places financières, Luc Frieden a dit qu’elles trouvaient la pleine approbation du gouvernement luxembourgeois mais s’est montré surpris par les réactions apparues par la suite. Selon lui, "le résultat du G20 n’est pas une révolution". En s’appuyant sur plusieurs exemples concrets (instauration d’une coresponsabilité en cas de vente de produits titrisés, supervision des places financières, instauration de nouvelles règles pour les fonds propres, proposition de directive visant à limiter les risques insensés en corrélant les bonus aux performances des institutions bancaires), le ministre des Finances a démontré que certaines mesures ne sont pas nouvelles. À l’instar de ce qui s’est produit après le 11 septembre 2001, il semble, selon Luc Frieden, que la crise économique ait plutôt eu un effet d’accélérateur sur la mise en place de certaines mesures "qui ont déjà été discutées à l’échelon européen avant la crise".

Même si l’origine de la crise économico-financière est, d’après Luc Frieden, imputable à certaines banques qui ont contribué à propager le désir de s’enrichir sans cesse, le problème ne se limite pas uniquement au monde de la finance. "La responsabilité incombe a nous tous", a-t-il dit en faisant allusion à la fois à ceux qui vendent des actifs à hauts risques et ceux qui les achètent.

Au Luxembourg, les décisions du G20, transposées par l’Union européenne, seront rapidement transposées, car il importe que "notre place financière ne soit pas à la traîne en matière de réglementation", a dit le ministre Frieden dans sa conclusion. Afin de garantir la position de la place financière du Luxembourg après la crise, "il ne suffit plus de défendre la situation actuelle, mais il y a lieu de définir une nouvelle orientation pour notre place. Une position constamment défensive peut en effet susciter des réactions à l’instar de celles de l’avant-dernier sommet du G20 !".

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